Par pays

25 May 2012

Voilà, notre séjour à Montréal touche à sa fin. Nous passons une dernière journée à flâner dans la vile, à suivre les parcours touristiques, les allées marchandes, l'université McGill, les beaux parcs ... Montréal est réellement une ville ou il fait bon vivre lorsqu'il fait aussi beau qu'en ce moment.









Nous profitons de ces derniers moments pour passer un peu de temps avec nos amis locaux dont nous sommes si loin d'habitude et qui le seront à nouveau demain. Nous profitons de l'occasion pour manger du homard canadien qui est vraiment bon marché ici. La chaleur accablante donne l'impression que l'après midi tarde jusque tard dans la journée, pour laisser place à une soirée étouffante et chaude.


Chaude au sens propre du terme mais aussi au figuré. Ici à Montréal, les étudiants sont en grève depuis le mois de février. La cause étudiante est soutenue par une bonne partie de la population même si certain plus libéraux ne la comprennent pas. La cause initiale du conflit consiste à un différend sur une augmentation de quasiment 80% des frais de scolarité jusqu'alors gelés depuis plus de 40 ans. Le gouvernement avance des arguments assez bancals comme la valorisation du diplôme (oui selon eux, plus il est payé cher, plus il a de valeur ...). Les contestataires dénoncent l'hypocrisie d'une taxe qui rapportera peu et qui accentuera les disparités sociales. D'autant que la plupart des gens qui peuvent être diplômés finiront certainement par occuper un poste à revenus supérieurs et paieront pas mal d'impôts par la suite. Le Québec est la province la plus imposée du Canada. Justement pour couvrir ces fameux frais de scolarité. Enfin, l'utilisation de ces frais de scolarité sont dénoncés par les manifestants. Encore une fois, les dirigeants de fac se serviraient bien au passage.








Mais le feu qui anime le plus ce mouvement selon moi est bien plus profond. Il émane du sentiment de ne pas être entendu, bafoué, pas respecté. On avait pas connu de tels rassemblements populaires dans le pays depuis les années 70. Le gouvernement a choisi la voie répressive pour contrer les manifestations. De nombreuses violences policières et des arrestations en masse ont eu lieu. Évidemment, il y a toujours une part des manifestants qui profitent de la situation et cassent. Mais l'amalgame est vite fait par la police et les dirigeants. De plus, le gouvernement refuse toute négociation et revient régulièrement sur les concessions qu'il a pourtant accepté dans un premier temps. Et pour couronner le tout, il n'hésite pas à mettre en place des "lois spéciales" en une nuit que l'on peut juger anticonstitutionnelles afin d'accentuer la répression.

Chacun peut avoir ses idées et convictions politiques, mais lorsqu'on est témoin comme nous (même de passage) d'une telle mobilisation (plusieurs 10aines de milliers de personnes tous les jours et la nuit depuis 3 mois), on ne peut pas rester insensible à cela. Comment peut-on a ce point négliger son propre peuple ? On vit vraiment dans un drôle de monde.