Par pays

15 April 2013

A Iguazu, nous avons fait un sacré chemin pour rejoindre la pointe nord de l'Argentine et maintenant il faut redescendre. Et si le service de bus en en Argentine est très développé et très confortable, il est aussi très très cher.
Ce n'était pas prévu initialement, mais nous décidons de descendre en longeant la frontière non pas du coté argentin mais paraguayen.

A vrai dire, nous n'avons rien entendu d'emballant sur ce pays, c'est pourquoi il n'était pas inscrit dans notre plan initial. Mais pourquoi pas le découvrir si en plus on peut économiser de l'argent. Et puis ça fait un tampon de plus.

Tiens, le tampon justement, parlons-en. La première étape de notre redescente vers le sud, c'est de se rendre à Ciudad del Este au nord du Paraguay. Mais il faut passer par le Brésil. Encore une fois, on ne s'arrête pas par l'immigration, il s'agit juste de 10 minutes de bus pour passer par un pont. Oui mais voilà, le bus ne s'arrête pas non plus à l'immigration paraguayenne et nous voici arrivés à la gare routière de Cuidad del Este. La ville est pauvre et vraiment pas accueillante ... On a qu'une envie, c'est de partir au plus tôt. Ça tombe bien, il y a un bus qui nous emmène directement au sud, à Encarnacion, on saute dedans ... Nous demandons d'abord au chauffeur du premier bus si ce n'est pas grave pour le tampon paraguayen, il nous assure que si nous retournons en Argentine, non ça ne pose pas de problème.
Plus le bus avance, plus on commence à paniquer. En fait, on est en situation irrégulière et ce pour plusieurs jours.

Encarnacion s'avère être une ville beaucoup plus sympathique et très accueillante pour le coup. Nous avons la chance de tomber sur un super hostel (Kerana Hostel). Nous sommes accueillis chaleureusement par un jeune couple de Paraguayens qui tient l'hôtel.
Ici, nous sommes encore une fois tout en face de l'Argentine et de la ville de Posadas. Après quelques conseils et discussions, on décide de se rendre à l'immigration paraguayenne pour plaider notre cas et demander un tampon.

A l'hôtel, hôtes et visiteurs sont sceptiques. A vrai dire, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas et d'autres personnes de l'hôtel sont allés négocier en vain. $80 d'amende. De la à penser que c'est une magouille organisée il n'y a qu'un pas que je franchirai d'ailleurs :D Parce qu'évidemment, à la sortie du pays, ils vérifient scrupuleusement que tout est en ordre.
On est venus ici pour faire des économie (en partie) pas pour payer $160 d'amende !

On prend le bus qui fait l'aller retour Posadas-Encanacion. On sent que les négociations seront dures mais après tout on a rien fait de mal ! On arrive enfin à la frontière, on est à l'heure de pointe et le bus est blindé. Il s'arrête en annonçant "Immigration du Paraguay, ceux qui ont besoin d'un tampon descendent".
Hormis 3/4 touristes qui descendent, le bus est composé de Paraguayens qui passent la frontière et qui n'ont pas besoin de s'arrêter. On baisse la tête, on ne descend pas ... Ce qui s'avère être une excellente idée puisque nous nous retrouvons maintenant à l'immigration Argentine. Tampon d'entrée validé, nous faisons immédiatement demi tour de l'autre coté de la route pour avoir un tampon se sortie. Nous prenons le bus pour Encarnacion en nous assurant bien de nous arrêter à la frontière paraguayenne.

Cette fois-ci, c'est bon, nous sommes en règle et pas peu fiers de nous car nous serons félicités par les patrons de l'hostel qui nous avoueront que nous sommes les premiers à avoir réussi ce tour de passe passe. La chance est avec nous. Ils nous concèderont également qu'il est préférable de se tenir à l'écart de la police dans ce pays, ils ne sont pas fiables, même pour les locaux. Pas rassurant.

Donc pour résumer, nous avons vécu une journée complète de sans papier et dans cette même journée, nous sommes allés en Argentine, au Brésil, au Paraguay, à nouveau en Argentine, puis retour au Paraguay. Pas banal.

Maintenant on profite du beau soleil, on mange de la saucisse locale au barbecue de l'hostel et on se fera offrir 3 ou 4 caïpirinha. On commence à être bien chauds et ça tombe bien parce que c'est l'anniversaire de la ville. Direction la costanera (une sorte de Paris Plage sur les bords du fleuve) pour un concert et un feu d'artifice. Ambiance de fête, assez jeune. On a vraiment passé un bon moment.

Le lendemain, petite gueule de bois sous un soleil de plomb, mais nous décidons d'aller visiter les ruines des missions jésuites. Les mieux conservées de toute l'Amérique du Sud.






Les missions jésuites des Guaranis, c'est une chose assez incroyable en fait.
Voilà ce qu'en dit Wikipedia :

La Mission jésuite du Paraguay est à la fois une entreprise de mission catholique telle qu'il en a existé d'innombrables à partir du XVIe siècle, et un véritable État théocratique gouverné par les Jésuites où ces derniers ont mis sur pied entre 1609 et 1763 une organisation sociale "utopique" sans équivalent dans l'Histoire. La zone géographique de ces missions est à cheval sur les États contemporains du Paraguay, de l'Argentine, du Brésil et de l'Uruguay. Les ruines de Santísima Trinidad de Paraná sont classées patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1993.

Pour résumer, en échange de l'adoption du culte catholique et l'interdiction de quelques règles tribales (nudité, cannibalisme ...), ils ont sorti les Guaranis de la forêt, les ont éduqués et civilisés sans pour autant leur imposer l'apprentissage de l'espagnol. Ils les ont protégés des colons espagnols et tout le monde vivait dans une société utopique organisée et paisible où tout le monde trouvait son compte. Le développement artistique était au cœur de cette société (musique, peinture, architecture).
Ces missions ont même repoussé les colons espagnols avec les armes, ce qui est peut être la raison principale de la subsistance de cette civilisation aujourd'hui encore.







Mais comme toute utopie, ça ne dure pas. Les Jésuites et les villages indiens seront définitivement détruits par les Portugais à qui les Espagnols avaient cédé le Paraguay.

On décide finalement de passer quelques jours de repos/vacances dans cette ville peu chère et vraiment sympa. Le soleil est de la partie, on profite.





En face, Posadas en Argentine. Les deux villes se tirent la bourre pour le titre de la ville la plus cool. Si Encarnacion a longtemps été derrière, les rôles se sont un peu inversés ces derniers temps. Encarnacion est fière d'offrir une costanera bien plus belle que sa voisine et des activités culturelles plus élargies. Cette ville est en pleine expansion.






Voilà, demain on repart pour Posadas. Cette étape reposante au Paraguay aura finalement été une très bonne surprise. Ce n'est pas la première destination touristique conseillée dans la région, mais elle vaut la peine de s'y arrêter.


A - Puerto Iguazu, B - Encarnacion